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vendredi 12 octobre 2012

Intervention de M. le Haut Commissaire au Plan : Présentation des résultats de l'enquête nationale sur le bien être réalisée en 2012


Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan, Maroc

Pendant longtemps la croissance économique mesurée par le produit intérieur brut (PIB) a été l’indicateur de référence pour mesurer le niveau du progrès des sociétés. Depuis, le système de comptabilité nationale a réalisé des avancées de plus en plus profondes en termes de désagrégation des comptes et d’affinement des méthodes. Le revenu national brut, le revenu brut disponible ou encore ajusté permettent de mieux appréhender l’impact de la croissance sur le revenu des ménages et leur pouvoir d’achat. Cependant, malgré cela, ces indicateurs restent insuffisants pour rendre compte de la répartition sociale du revenu, des inégalités sociales et encore moins de la perception et du vécu de ces réalités par les ménages.
Ce décalage entre ces mesures objectives et le ressenti des populations n’a pas cessé de poser problème à une évaluation concrète des effets des politiques publiques en vue d’anticiper les crises et d’opérer les ajustements nécessaires de ces politiques. Les contestations sociétales d’envergure qui, aujourd’hui, accompagnent la crise dont le monde vit encore, et probablement pour longtemps, les prolongements, ont révélé le niveau de ce décalage. C’est ainsi qu’au sein de plusieurs instances nationales et internationales se sont développées des approches économiques et des indicateurs objectifs et subjectifs visant à mieux rendre compte de la réalité des conditions de vie de la population et de son ressenti.
Il ne me semble pas outrancier de faire ce lien entre la crise que traverse le monde depuis 2007 et l’intérêt croissant porté à ces approches et en particulier aux indicateurs du progrès social et du bien être. Rappelons, à cet égard, que le PIB comme indicateur de mesure du progrès des pays a été le produit de la grande crise des années 30 du siècle précédent dont le traitement, selon la théorie keynésienne, nécessite une stimulation de la production par une relance de la demande globale. L’indice de développement humain (IDH) a connu son audience dans le contexte de la crise de l’endettement des années 80 et des effets des ajustements structurels sur la situation sociale des pays en développement. C’est de la crise actuelle d’un système de production, de consommation et d’échanges, foncièrement inégalitaire et largement contesté qu’émerge, aujourd’hui avec une force croissante, l’exigence de mesurer le progrès des sociétés par référence à la qualité de vie et au bien-être des citoyens en complément des indicateurs classiques économiques et sociaux. La Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi réunie à Paris les 22 et 23 avril 2008, à l’initiative du Président français pour débattre des indicateurs du progrès ou encore le projet global de l’OCDE et plusieurs initiatives nationales ou internationales sont aujourd’hui quasi-unanimes à préconiser l’engagement dans cette voie. Il faut rappeler, à cet égard, que l’organisation des Nations Unies, de son côté, par la résolution 65/309 du 19 juillet 2011 « invite les états membres à élaborer de nouvelles mesures qui tiennent mieux compte de l’importance de la recherche du bonheur et du bien-être pour le développement afin d’orienter leurs politiques nationales ».

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