Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan, Maroc |
Pendant longtemps la croissance économique mesurée par le produit intérieur
brut (PIB) a été l’indicateur de référence pour mesurer le niveau du progrès
des sociétés. Depuis, le système de comptabilité nationale a réalisé des
avancées de plus en plus profondes en termes de désagrégation des comptes et
d’affinement des méthodes. Le revenu national brut, le revenu brut disponible
ou encore ajusté permettent de mieux appréhender l’impact de la croissance sur
le revenu des ménages et leur pouvoir d’achat. Cependant, malgré cela, ces
indicateurs restent insuffisants pour rendre compte de la répartition sociale
du revenu, des inégalités sociales et encore moins de la perception et du vécu
de ces réalités par les ménages.
Ce décalage entre ces mesures
objectives et le ressenti des populations n’a pas cessé de poser problème à une
évaluation concrète des effets des politiques publiques en vue d’anticiper les
crises et d’opérer les ajustements nécessaires de ces politiques. Les
contestations sociétales d’envergure qui, aujourd’hui, accompagnent la crise
dont le monde vit encore, et probablement pour longtemps, les prolongements,
ont révélé le niveau de ce décalage. C’est ainsi qu’au sein de plusieurs
instances nationales et internationales se sont développées des approches
économiques et des indicateurs objectifs et subjectifs visant à mieux rendre
compte de la réalité des conditions de vie de la population et de son ressenti.
Il ne me semble pas outrancier de faire ce lien entre
la crise que traverse le monde depuis 2007 et l’intérêt croissant porté à ces
approches et en particulier aux indicateurs du progrès social et du bien être.
Rappelons, à cet égard, que le PIB comme indicateur de mesure du progrès des
pays a été le produit de la grande crise des années 30 du siècle précédent dont
le traitement, selon la théorie keynésienne, nécessite une stimulation de la
production par une relance de la demande globale. L’indice de développement
humain (IDH) a connu son audience dans le contexte de la crise de l’endettement
des années 80 et des effets des ajustements structurels sur la situation
sociale des pays en développement. C’est de la crise actuelle d’un système de
production, de consommation et d’échanges, foncièrement inégalitaire et
largement contesté qu’émerge, aujourd’hui avec une force croissante, l’exigence
de mesurer le progrès des sociétés par référence à la qualité de vie et au
bien-être des citoyens en complément des indicateurs classiques économiques et
sociaux. La Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi réunie à Paris les 22 et 23 avril
2008, à l’initiative du Président français pour débattre des indicateurs du
progrès ou encore le projet global de l’OCDE et plusieurs initiatives
nationales ou internationales sont aujourd’hui quasi-unanimes à préconiser
l’engagement dans cette voie. Il faut rappeler, à cet égard, que l’organisation
des Nations Unies, de son côté, par la résolution 65/309 du 19 juillet 2011
« invite les états membres à élaborer de nouvelles mesures qui tiennent
mieux compte de l’importance de la recherche du bonheur et du bien-être pour le
développement afin d’orienter leurs politiques nationales ».Télécharger le document intégral
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