Le plus récent rapport
mondial sur le développement de la Banque Mondiale met l’accent sur les risques et leur gestion, de même que sur
l’impact desdits risques sur les enjeux de développement. Reconnaissant que
tous les risques comportent une dimension « opportunité », le rapport
souligne qu’une mauvaise gestion peut entraîner une régression et mettre à
néant des années de mesures progressives. Une autre conséquence de cette
mauvaise gestion des risques est la menace qu’elle constitue sur les structures
sociale et économique, à la base du progrès et du développement. Et dans la
plupart des cas, ce sont les plus pauvres qui subissent le plus ces chocs
exogènes.
La gestion des risques constitue un puissant levier pour le
développement
La gestion du risque est définie
comme le processus par lequel une entité fait face à des risques, s’y prépare
et établit des stratégies de contingence vis-à-vis de ses effets. Deux
objectifs doivent être au centre de la gestion du risque selon le
rapport :
- La résilience, la capacité des hommes, sociétés et pays à se remettre de ces chocs négatifs
- Et la prospérité, découlant d’une gestion adroite de ces chocs en pavant des opportunités pour le développement
De même, les prérequis pour toute
gestion de risque couronnée de succès sont l’acquisition de connaissances sur
les dangers, l’établissement de mesure d’absorption et l’obtention d’assurances
et de garanties.
De l’importance de se préparer aux risques et de saisir les opportunités
Selon ce rapport, les recherches
montrent que les bénéfices d’une gestion des risques en amont sont supérieurs
aux coûts engendrés par ne rien faire. La mauvaise gestion en outre entraine
des crises. Ainsi, la famine en 2011-12 en Somalie a causé 258,000 vies malgré
11 mois d’alertes répétées; les opportunités d’une intervention ont été ratées
par la communauté des bailleurs pour esquiver des contraintes sécuritaires et
politiques.
Gérer des risques signifie en
outre, faire l’état des lieux, analyser différents risques et prendre des
mesures proactives pour réduire leur impact négatif. La définition des
priorités est d’une grande importance dans les pays en développement, à cause
des moyens limités dont ils disposent. « Ainsi,
un petit pays fréquemment sujet à des pluies torrentielles et exposé aux chocs
financiers internationaux doit prioriser et décider combien sera dépensé pour
la prévention des inondations et combien pour des mesures d’absorption contre
la volatilité financière ».
La gestion des risques doit être
systémique
Une autre dimension de la gestion
des risques abordée dans ce risque est sa nature systémique à même de contrer
les multiples effets des chocs exogènes. Différents paliers sociétaux et
politiques doivent être impliqués dans ce processus (des ménages à la
communauté internationale).
- Au niveau des ménages, en mutualisant les ressources par la protection des membres, en particulier les plus vulnérables et leur permettant d'investir dans leur avenir.
- Au niveau des communautés, par les réseaux informels de soutien et de protection en aidant les gens à composer avec les risques idiosyncratiques et la mise en commun des ressources pour faire face à des risques communs.
- Au niveau des entreprises, par l’absorption des chocs et l’exploitation de la dimension « opportunité » du risque et in extenso, en contribuant à la stabilité de l’emploi, des revenus et par plus d’innovation et de productivité.
- Les systèmes financiers à travers l’épargne, l’assurance et le crédit et par une bonne gestion des défis de son écosystème.
- L'État dispose des moyens pour gérer les risques systémiques aux niveaux national et régional, et de fournir un environnement favorable pour les autres paliers tout en apportant un soutien direct aux personnes vulnérables. La protection sociale (assurance et assistance), les biens publics (défense nationale, les infrastructures, la loi et l'ordre), et les politiques publiques (régulation, la gestion macro-économique) seront ses principaux médiums.
- La communauté internationale, en facilitant la coordination des politiques et en appuyant les États dans la gestion des risques.
En conclusion, le rapport
recommande l’intégration de la gestion des risques intégrée programmes de
développement par les gouvernements à travers la création d’agences nationales
de prévention des risques. La création d’une telle institution nécessitera un
changement de politique (une évaluation coordonnée et systématique des risques
aux niveaux national et international) pour des résultats optimaux. Le rapport
reconnaît qu’un changement significatif dans la façon de faire pourrait être
nécessaire à la mise en œuvre de cette recommandation. Cinq principes clés aux États
sont ainsi recommandés en état dans la mise en place de cette dernière
recommandation :
- Les gouvernements ne devraient pas générer de l'incertitude ou de risques inutiles
- Les gouvernements devraient fournir des mesures incitatives pour les personnes et les institutions afin qu’elles fassent leur propre planification/préparation, tout en évitant d'imposer des risques ou pertes sur les autres
- Les gouvernements devraient maintenir une perspective à long terme pour la gestion des risques en construisant des mécanismes institutionnels qui transcendent les cycles politiques
- Les gouvernements devraient promouvoir la flexibilité dans un cadre institutionnel clair et prévisible.Les gouvernements devraient protéger les plus vulnérables, tout en encourageant l'autonomie et la préservation de l’équilibre fiscal.
Le rapport est disponible sur ce
lien
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