Mesurer le bien-être est d’autant
plus important aujourd’hui, que nos économies et sociétés sont nombreuses à
être frappées par la crise financière mondiale. Afin d’en comprendre les
conséquences sur la vie des citoyens et de développer des stratégies visant
ceux qui en ont le plus souffert, il est nécessaire de regarder bien au-delà de
la production économique ou des marchés financiers.
La crise financière
mondiale a réduit le bien-être matériel des individus
De nombreux travailleurs ont
perdu leur emploi depuis le début de la crise en 2007 et les niveaux de revenu
ou de richesse de nombreux ménages ont stagné, voire baissé. Depuis le début de
la crise, près de 15 millions de personnes supplémentaires sont aujourd’hui
sans emploi dans la zone OCDE. Le nombre de personnes sans emploi depuis plus
d’un an a atteint les 16 millions. De plus, entre 2007 et 2010, la pauvreté
(relative) de revenu a augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE, notamment
parmi les enfants et les jeunes. L’insécurité économique et la pression
financière croissantes ont particulièrement affecté les ménages à faible revenu
et les moins instruits.
La confiance envers les
institutions a baissé
D’autres dimensions du bien-être
des citoyens ont également souffert de la crise. La satisfaction à l’égard de
la vie a considérablement baissé dans les pays les plus sévèrement touchés,
tels que la Grèce, l’Italie et l’Espagne. Dans ces pays, les niveaux de stress
et de préoccupation tels que constatés par les individus ont augmenté de manière
considérable.. Le capital politique des pays a été sévèrement ébranlé :
seuls 40% des citoyens de l’OCDE font confiance à leurs gouvernements nationaux
– soit le niveau le plus bas depuis 2006. Dans les pays les plus touchés par la
crise, les citoyens ne sont qu’entre 1 et 3 sur 10 à faire confiance à
leur gouvernement, un ratio qui a été divisé par plus de moitié depuis le début
de la crise.
De nouvelles formes de
solidarité et d’engagement sont apparues
Dans certains pays, les réponses
à la crise ont dépassé la sphère politique publique et ont pris la forme d’une
solidarité interpersonnelle plus importante avec des formes variées de
participation civique à l’échelle des communautés locales. Malgré une plus
grande difficulté à procurer de l’aide financière, un nombre croissant de
personnes ont déclaré apporter leur soutien non financier aux autres et avoir
offert de leur temps pour aider des personnes dans le besoin au sein de leur
communauté. Les familles ont également été des sources de soutien à la fois
financier et en nature. Elles ont aussi été un filet de sécurité important, par
exemple pour les jeunes éprouvant des difficultés dans leur recherche
d’emploi.
Les indicateurs de bien-être
offrent une nouvelle perspective pour l’élaboration de politiques
Les indicateurs de bien-être
peuvent apporter une perspective nouvelle et plus large aux décideurs
politiques sur les dimensions qui comptent le plus pour les citoyens. Certaines
de ces dimensions telles que l’emploi, la santé ou l’éducation sont depuis
longtemps inclues dans leur programme. Mais d’autres indicateurs, mesurées à
l’échelle individuelle ou à celle des ménages, ainsi que leur
distribution au sein des groupes de la population, peuvent offrir un nouvel
aperçu de la qualité de vie des citoyens. Cette nouvelle édition de Comment
va la vie explore en détails deux problématiques du bien-être qui
peuvent apporter un nouvel éclairage pour le développement des
politiques publiques : les inégalités de bien être entre les hommes et les
femmes et le bien-être sur le lieu de travail.
Les femmes et les hommes
peuvent-ils tout avoir?
Comprendre dans quelle mesure le
bien-être varie au sein de la population, et pourquoi, est essentiel afin
d’élaborer des politiques plus ciblées et efficaces. Malgré de larges progrès
vers une plus grande égalité entre les hommes et les femmes ces dernières
décennies, le genre reste un déterminant important de l’inégalité de bien-être
dans de nombreux pays. Mais contrairement à l’impression que dresse un portrait
uniquement économique de la situation, la question de l’égalité entre les sexes
n’est pas uniquement une question de femme. Les femmes vivent en moyenne plus
longtemps que les hommes dans les pays de l’OCDE, par exemple, et elles sont
généralement plus instruites. Cependant, les femmes déclarent un état de santé
moins bon que celui des hommes ; ont de moins bonnes perspectives
professionnelles ; et ont moins de connexions sur lesquelles compter
lorsqu’elles cherchent un emploi. Les femmes ressentent également plus
d’émotions négatives que les hommes.
Le bien-être au travail:
l’importance des emplois de qualité
Pendant longtemps, les priorités
politiques se sont principalement concentrées sur la création d’emplois,
l’objectif étant de proposer un travail à chaque personne souhaitant
travailler. Cependant, la plupart des individus passent une grande partie de
leur vie au travail et ce qui se passe sur le lieu de travail est donc un
élément essentiel de leur bien-être. Avoir un bon travail, ou un travail de qualité,
ne se limite pas à un salaire élevé ou une carrière dynamique; il s’agit
également de travailler dans un environnement propice à l’épanouissement
personnel et dans lequel les employés se sentent impliqués. L’autonomie au
travail et des objectifs de travail clairement définis conditionnent
l’engagement des employés et influent sur leur bien-être. Des pratiques
d’encadrement respectueuses ainsi que le soutien de ses collègues sont
également importants. Dans ces conditions de travail, il est plus aisé de gérer
la pression ainsi que d’assumer des emplois plus exigeants émotionnellement.
Ces conditions favorisent également une bonne santé physique et une meilleure
productivité.
Se concentrer sur les priorités
des citoyens, et améliorer les indicateurs existants ou en développer de
nouveaux capables de mesurer le bien-être et le progrès, voici la direction à
suivre pour atteindre des vies meilleures, aujourd’hui et demain.
Cet article a d'abord été publié dans le ProgBlog (accessible ici)
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