Par : M. Douidich Mohamed, Ingénieur statisticien-économiste, Haut -Commissariat au Plan (HCP). Les résultats de ce papier ont été présentés à la Conférence africaine sur la mesure du bien-être et la promotion du progrès des sociétés, organisée par le HCP-Maroc et l’OCDE , 19-21 avril 2012.
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Introduction
L’Afrique
est, aujourd’hui, le continent où cohabitent les plus grands niveaux de
pauvreté et d’inégalité, dont la régression conjointe conduirait, sans doute, à
une large diffusion du sentiment de bien-être, véritable cible d’un paradigme
de développement, en cours de construction.
C’est
sur cette question de conjonction entre, d’une part, les niveaux de pauvreté et
d’inégalité, et, d’autre part, le bien-être, objectif et subjectif, que se
penche le présent papier. Il montre que, jusqu’à présent, les pays africains les
moins inégalitaires ne sont pas nécessairement les moins pauvres, et,
inversement, les plus pauvres d’entre’ eux ne sont pas assurément les plus inégalitaires.
Sur
le plan empirique, les indices du bien-être[1]
ne sont supérieurs à la moyenne que dans le reste des pays africains, ceux où
les indices de pauvreté et d’inégalité sont, tous les deux, inférieurs aux
médianes respectives. Cet état des lieux remet en cause notre appréhension de
la pauvreté et de l’inégalité, en relation avec le bien-être et, de là, les capacités[2]
que devraient développer les pays africains, dans la voie d’une amélioration
des conditions d’être.
La
littérature disponible sur l’économie des niveaux de vie s’est, en fait,
limitée à l’étude des changements dans la pauvreté, conséquents de ceux de la
croissance et l’inégalité[3].
Elle n’accorde que peu d’intérêt à l’objectif d’une société, à la fois, moins
pauvre et moins inégalitaire, antécédent d’une meilleure perception du
bien-être.
Sur
ce registre, le présent papier montre[4],
dans une première section, que l’Afrique subsaharienne peine à améliorer le
bien-être, face à une baisse de la pauvreté, inférieure au rythme escompté par
les OMD[5].
En présence d’une croissance économique clairement anti pauvre, la reproduction
sociale de la pauvreté ne peut-être abrogée qu’au moyen d’une redistribution de
ressources publiques, favorable aux milieux démunis, option peu probable au
regard de la faiblesse du pouvoir politique des populations pauvres (section
2).
D’où
la vulnérabilité de l’Afrique subsaharienne à des niveaux encore élevés de
pauvreté et d’inégalité, synonymes d’une faible diffusion du sentiment de bien-être
(section 3). Certains pays africains ont pourtant pu construire des paysages
sociaux plus soutenables, caractérisés par des niveaux réduits d’inégalité et
de pauvreté et une perception du bien-être bien meilleure.
A
la section 4, sont évaluées les capabilités que pareils pays développent, à
l’aune de leur effet sur une mesure composite de la pauvreté et l’inégalité
(section 4). Le but est d’appréhender les options qui, dans le contexte
africain, infléchissent, à la fois, la pauvreté et l’inégalité, et diffusent le
sentiment du bien-être.
Réduire,
de moitié, la pauvreté en Afrique
Faut-il
compter sur la croissance ?
Mesurée
au seuil de 1,25 $ US PPA par jour et par personne, la pauvreté s’établissait
en Afrique subsaharienne[6]
(51,5%), aux débuts des années 1980, à
un niveau nettement inférieur à celui qui prévalait, à l’époque, dans les
régions les plus pauvres, l’Asie Sud (61,1%)
et l’Asie Est-Pacifique (77,2%). Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne est, de
loin, la région la plus pauvre (47,6% en 2008). Elle est aussi le dernier groupe
de pays à avoir entamé la baisse de la pauvreté (Graphique 1).
Tout comme il ne permettrait pas,
de par sa modestie, d’atteindre, à temps, la première cible des Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD), voire la réduction, de moitié, entre
1990 et 2015, de la pauvreté. Au moment où les autres régions tendent, toutes,
à réduire, de plus de moitié, avant l’horizon 2015, le niveau de pauvreté
qu’elles observaient aux débuts des années 1990 (tableau 1).
En effet, la poursuite de la
tendance à la baisse qu’affichait, à la dernière décennie, la pauvreté fait que
la fraction des pauvres s’établisse, en Afrique subsaharienne, à près de 40% à l’horizon
2015. Ramener le taux de pauvreté dans
cette région à 28% en 2015, valeur cible des OMD, nécessiterait, au niveau d’inégalité courant,
une croissance du revenu national brut par habitant de 8,9% par an, le long de
la période 2009-2015. Or, en Afrique
subsaharienne, cet agrégat n’augmentait, le long des 30 dernières années, qu’à
raison de 1,4% par an.
Ce qui montre, encore une fois,
que la croissance ne permettrait pas, à elle seule, de réduire la pauvreté à la
vitesse escomptée. D’où l’intérêt des politiques de développement et de
croissance, axées sur l’équité sociale, base d’une croissance nécessairement
pro-pauvre.
Abroger
la reproduction sociale de la pauvreté
Equité
sociale ou pauvreté de masse
C’est
généralement au moyen d’une redistribution, sociale et géographique, des
ressources publiques, favorables aux localités et populations pauvres, que l’on
peut faire face à la faible sensibilité de la pauvreté à la croissance économique.
Cette option est partout sollicitée, mais elle est souvent écartée pour des
raisons liées au faible pouvoir politique des segments pauvres de la société.
Les
contraintes de survie parmi les individus pauvres sont assez ardues pour décourager
tout engagement dans la défense des droits économiques et sociaux. Mais
lorsqu’elles conduisent à une pauvreté de masse, ces contraintes entravent le
développement de l’ensemble de la société[9].
D’où l’intérêt que revêt, à long terme, la croissance pro-pauvre[10]
dans tout développement socialement durable.
Sur
ce registre, de 1990 à 2008, la hausse du revenu par habitant en Afrique
subsaharienne était presque deux fois plus grande que la baisse de la pauvreté.
Autrement dit, le long des deux dernières décennies, il fallait deux points-
pourcentage de croissance pour faire régresser la pauvreté d’un
point-pourcentage.
En Europe-Asie centrale, la
croissance économique était nettement inférieure à celle de l’Afrique
subsaharienne durant la période. Mais elle est plus élastique à la pauvreté,
dans la mesure où une croissance de 1% y fait reculer la pauvreté de 2,5%. Ces
deux régions observaient, par ailleurs, aux débuts des années 1980, la même
incidence de la pauvreté (près de 50%). 28 ans après, en 2008, la pauvreté est
2,4 fois plus grande en Afrique subsaharienne que dans l’Europe-Asie centrale.
C’est
dire que, le long de la période analysée, la redistribution des revenus n’a jamais
été suffisamment centrée sur les populations pauvres en Afrique subsaharienne. Cette
région s’en trouve la plus inégalitaire ces dernières années, en termes de
rapport inter quintile des revenus par habitant, juste après l’Amérique latine -
Caraïbe, région historiquement connue pour ses écarts sociaux[11]
(tableau 2).
En Afrique subsaharienne, le taux
de pauvreté ne se réduit, en fait, que de 0,5% suite à une croissance des
revenus de 1%. Alors qu’une réduction des inégalités de 1% (indice de Gini) y donne
lieu à une baisse (2,0%) de la pauvreté, quatre fois celle qui résulterait d’un
point de croissance économique.
En termes de niveau, ces élasticités
indiquent que la pauvreté en Afrique subsaharienne est moins sensible à
l’inégalité et à la croissance. Plus précisément, plus une région est ‘riche’
voire moins pauvre, plus la pauvreté y est mieux sensible aux changements dans
la croissance et l’inégalité des revenus. Dans toutes les régions du monde, la
pauvreté est, en fait, plus sensible aux inégalités qu’à la croissance
économique (tableau 2).
Ceci rappelle le fait que, en
Afrique comme partout au monde, la pauvreté n’est pas une fatalité. Tributaire
du niveau de revenu par habitant (Graphique 2), elle est plus influencée par la
répartition des richesses économiques et sociales que par leur croissance. D’où
la nécessité de compter, à la fois, sur la croissance et l’équité pour
infléchir davantage la pauvreté, particulièrement en Afrique subsaharienne. Il
devrait en résulter une convergence vers de moindres niveaux de pauvreté et
d’inégalité, préalable de toute avancée du bien-être.
Tableau 1 : Evolution de la pauvreté
et du revenu selon le groupe de pays.
Groupe
de pays
|
Taux
de pauvreté (1,25 $ US PPA/jour/personne), en %
|
Changement
entre 1990 et 2008, en %
|
||||
1981
|
1990
|
1999
|
2008
|
Baisse
de la pauvreté
|
Hausse
du revenu par habitant
|
|
Afrique
subsaharienne
|
51.5
|
56.5
|
57.9
|
47.5
|
-15.9
|
+28
|
Amérique
latine - Caraïbe
|
48.8
|
44.7
|
45.7
|
31.4
|
-29.8
|
+42
|
Europe –
Asie Central
|
48.2
|
39.6
|
51.2
|
20
|
-49.5
|
+20
|
Asie du Sud
|
61.1
|
53.8
|
45.1
|
36
|
-33.1
|
+119
|
Moyen-Orient
et Afrique du Nord
|
9.6
|
5.8
|
5
|
2.7
|
-53.4
|
+44
|
Asie Est et
Pacifique
|
77.2
|
56.2
|
35.6
|
14.3
|
-74.6
|
+352
|
Note :
Nos calculs pour les changements entre 1990 et 2008.
Tableau
2: Elasticités de la pauvreté et rapport inter quintile selon le groupe de
pays.
Groupe de pays
|
Elasticités en 2008 de la pauvreté par rapport(*)
:
|
Rapport inter-quintile des revenus en 2009 (**)
|
|
au revenu par habitant
|
aux inégalités - Gini
|
||
Afrique
subsaharienne
|
-0.51
|
1.99
|
9.9
|
Amérique
latine - Caraïbe
|
-0.91
|
2.55
|
16.1
|
Europe –
Asie Centrale
|
-0.90
|
2.58
|
6.2
|
Asie du Sud
|
-0.39
|
1.9
|
5.4
|
Moyen-Orient
et Afrique du Nord
|
-1.39
|
3.71
|
6.6
|
Asie Est et
Pacifique
|
-1.06
|
3.25
|
7.9
|
Source :
Nos calculs, basés sur les données – en coupe transversale- par pays en
développement, au site http://www.banquemondiale.org/ World Development
Indicators 2012 et au RDH 2010 et 2011 (PNUD)
Note : (*)
Ces élasticités sont de court terme, et sont approchées, à titre indicatif, en
ajustant le modèle suivant :
où p est le
taux de pauvreté, y le revenu national brut par habitant, Gini l’indice
d’inégalité,
,
,
les paramètres du modèle et
son
terme aléatoire.
(**) Cette
colonne le rapport de la part, dans le total des revenus, des 20% les plus
riches de la population, à la part des 20% les plus pauvres. Ce sont des
moyennes pondérées par la population totale des rapports inter quintiles par
pays.
Inégalité,
pauvreté et bien-être
Le
socialement soutenable
Sur le registre des droits
humains, économiques et sociaux, la réduction de la pauvreté monétaire est certes
nécessaire, mais elle est insuffisante. Elle gagnerait à s’inscrire dans
l’objectif du renforcement du bien-être au sens de la satisfaction de vivre
dans l’ensemble, et de la satisfaction vis-à-vis du niveau de vie (cf. Notes et
définitions, annexe 2).
En effet, de par les changements,
en cours de revendication dans les pays africains les moins pauvres en particulier, la restriction
du progrès social au recul de la pauvreté montre, aujourd’hui, toutes ses
limites. Quel que soit le niveau de pauvreté, la diffusion des inégalités
alimente les frustrations sociales qui, à leur tour, consacrent le sentiment de
dénuement relatif voire la pauvreté subjective et le mal-être.
A
titre d’illustration, comme on devrait s’y attendre, la hausse des
inégalités entraine celle de la pauvreté. Dans le quintile des pays africains,
les plus inégalitaires, la pauvreté est 1,9 fois plus grande que dans le quintile
le moins inégalitaire. Cette hausse de
la pauvreté avec les inégalités induit, à son tour, une détérioration du
bien-être.
C’est ainsi que dans les 20% les
plus équitables des pays, les populations se considèrent plus satisfaites
vis-à-vis du niveau de vie (54.1%) et éprouvent plus de satisfaction de vivre
dans l’ensemble (5.4/10). Ces indicateurs s’établissent, parmi les 20% les plus
inégalitaires des pays, à des niveaux
(resp. 37,4% et 4,3/10) nettement inférieurs.
Il en ressort que les pays où les
conditions d’être sont meilleures sont ceux où la pauvreté et l’inégalité
s’établissent, toutes les deux, aux niveaux les plus bas. Autrement dit, les
paysages sociaux souhaitables sont intuitivement ceux où les populations ne
sont exposées ni à des privations matérielles aigues, ni à des frustrations
dues aux écarts en conditions de vie.
Comme le montre le schéma ci haut,
cette segmentation donne lieu à quatre groupes de pays africains, (i) ceux où
les indices de la pauvreté et l’inégalité sont, tous les deux, inférieurs aux médianes
respectives[12], pays
dits socialement soutenables ; (ii) ceux où ces indices sont supérieurs,
tous les deux, aux médianes; (iv) ceux où la pauvreté est supérieure à la
médiane et l’inégalité en est inférieure ; et (v) ceux où la pauvreté est
inférieure à la médiane et l’inégalité en est supérieure.
La comparaison des profils des
groupes (i) et (ii) permet de saisir les capabilités qui, à la fois cause et
effet, interfèrent avec la synergie entre la pauvreté et l’inégalité.
Construire
un pays socialement soutenable
Quelles
capabilités développer ?
On
se livre ici à une tentative d’appréhension de ce qui fait que certains pays africains
soient ‘socialement soutenables’, c’est à dire ceux ayant un taux de pauvreté
et un indice d’inégalité -Gini- inférieurs, tous les deux, à leurs valeurs
médianes respectives. Il s’agit de dresser le profil de pareils pays, en vue de
s’enquérir des caractéristiques, causes et effets, des contextes les plus
performants en matière de pauvreté et d’inégalité.
Profil des pays socialement soutenables
Sur
le plan descriptif, les pays africains qui joignent des niveaux d’inégalité et
de pauvreté, inferieurs, tous les deux, aux médianes africaines, sont ceux dits
ici ‘socialement soutenables’. Ces pays ont développé, dans l’ensemble, des
capabilités collectives et individuelles fondamentales. Comparés aux pays où l’inégalité
et la pauvreté sont, toutes les deux, plus élevées que les médianes en Afrique,
ils présentent, d’abord, un taux de croissance démographique inférieur de 28,9%.
A
la fois cause et effet, ce gain relatif en croît démographique aurait certainement
favorisé l’investissement dans le capital humain. Pareils pays ont, en fait,
une survie scolaire supérieure d’une année, un taux d’encadrement à
l’enseignement 1,2 fois plus performant, une satisfaction vis-à-vis de la santé
personnelle plus élevée de 7,6%, et une prévalence du VIH parmi les adultes 4,0
fois plus réduite, en comparaison avec les pays, à la fois, plus pauvres et
plus inégalitaires.
Quoique
encore modestes, les avancées qu’affichent les pays africains, à la fois, moins
pauvres et moins inégalitaires, en démographie et capital humain, font que le
revenu par habitant y soit non seulement mieux réparti ; mais aussi 2,8
fois plus grand. Le niveau de vie y serait plus important que ce qu’exprime le
revenu par habitant, eu égard à l’accès de leurs populations à des prestations
sociales, souvent subventionnées, sinon gratuites.
En
effet, si seulement près du 1/4 de leur population est privée d’accès à l’eau
potable, ce rapport s’élève à 2/4 dans les pays, à la fois, plus pauvres et
plus inégalitaires. Il s’établit à 3/10 contre 8/10 pour l’électricité et à
4/10 contre 7/10 pour l’assainissement, respectivement.
Il
en ressort que les privations qui sévissent dans les pays les plus
inégalitaires et les plus pauvres expriment, entre autres, un manque de
redistribution de richesses par le biais des investissements sociaux. Ces
privations s’ajoutent, évidemment, à d’autres dénuements aussi contraignants
que la sous-alimentation. Celle ci affecte près de la moitié de la population
des pays plus pauvres et plus inégalitaires, contre une personne sur cinq dans
les pays dits socialement soutenables.
A
côté de la sous-alimentation, les pays à fortes pauvreté et inégalité connaissent une grande diffusion de
l’emploi sous-rémunéré, cause de pauvreté laborieuse. Si, en effet, seule une
personne employée sur cinq vit de moins de 1 $ US PPA par jour dans les pays
socialement soutenables, les 3/4 des employés sont dans cette situation aux
pays, à la fois, plus pauvres et plus inégalitaires.
Faut-il
en retenir que le succès relatif des pays socialement soutenables revient, en
partie, à leur investissement non seulement dans la sécurité alimentaire, mais
aussi dans l’éducation et la formation, voire le rendement du capital humain ?
En tout cas, c’est dans ce groupe de pays que s’affichent des niveaux,
relativement limités, de la pauvreté alimentaire et laborieuse.
Les
privations qui sévissent dans les pays africains, les plus pauvres et les plus
inégalitaires, y consacrent, bien entendu, un taux de pauvreté 3,7 fois plus
grand, et un indice d’inégalité, Gini, 2 fois plus grand que ce qui règne dans
les pays, à la fois, moins inégalitaires et moins pauvres.
Il
est alors tout à fait logique que le mal-être sévissant dans les pays africains
joignant de forts niveaux de pauvreté et d’inégalité entraine de faibles scores
de satisfaction de vivre dans l’ensemble (3,7/10) et de satisfaction vis-à-vis
du niveau de vie (44,6%). Rappelons que ces scores ne sont supérieurs à la
moyenne que dans les pays les moins pauvres et les moins inégalitaires (resp.
5,7 /10 et 55,5%).
Sur
le plan des droits et libertés, bien que le score de violation des droits de
l’Homme soit légèrement favorable aux pays socialement soutenables, force est
de constater que, quel que soit le niveau de pauvreté ou d’inégalité, les
groupes de pays africains traités ici sont,
en moyenne, confrontés à des insuffisances juste perceptibles[13].
En fait, comparé au reste des continents, l’Afrique suivie de l’Asie
enregistrent les scores les moins élevés aussi bien en terme de satisfaction au
regard de la liberté qu’en terme de population traitée avec respect (graphique 3).
C’est
dire que, jusqu’à présent, les gains en équité et pauvreté qu’auraient affichés
certains pays africains ne sont pas, partout, le résultat de l’exercice des
droits, économiques et sociaux, et des libertés. Ils s’identifient à des acquis
sociaux peu pérennes, à moins qu’ils ne soient le produit de structures institutionnelles,
économiques et sociales bien ancrées dans la société.
Tableau 3: Profil comparé des pays
africains selon le niveau de pauvreté et d’inégalité.
Indicateurs
|
Pays dont le taux de pauvreté et l’indice d’inégalité
–Gini- sont tous les deux :
|
|
inférieurs
aux médianes
|
supérieurs
aux médianes
|
|
Durée
moyenne de scolarisation, en année
|
4.78
|
3.80
|
Ratio :
nombre d’élèves par enseignant
|
37.24
|
45.28
|
Prévalence
du VIH parmi les adultes, en % des ’15-49 ans’
|
1.32
|
5.26
|
Revenu
national brut par habitant, en $ US PPA 2008
|
4036
|
1429
|
Rapport
inter-quintile (part, dans le
RNB, des 20% les plus riches / part
des 20% les plus pauvres)
|
6.3
|
12.4
|
Taux
de pauvreté (au seuil de 1,25 $ US PPA /jour/personne) en %
|
17.4
|
64.1
|
Prévalence
de la sous alimentation, en % de la population
|
19.87
|
44.75
|
Personnes
employées subsistant avec moins d’un $ US PPA par jour en %
|
24.41
|
73.01
|
Population
sans accès à l’eau potable 2008 en %
|
26.70
|
47.38
|
Population
sans accès à l’assainissement en %
|
43.90
|
70.19
|
Population
sans accès à l’électricité en %
|
34.09
|
78.85
|
Taux
d’homicide pour 100 000 personnes (atteinte intentionnelle à la vie d’autrui)
|
2.52
|
6.14
|
Taux
de victimes d’agression, en % des personnes officiellement recensées comme
ayant été agressées.
|
9.89
|
14.14
|
Score
de violation des droits de l’Homme 2008 (dont torture, disparition,
incarcération politique avérée, ..)
|
3.18
|
3.99
|
Score
de satisfaction de vivre dans l’ensemble (sur dix)
|
5.70
|
3.73
|
Taux
de satisfaction du niveau de vie, en %
|
55.48
|
44.57
|
Source : Nos calculs à partir des
données obtenues des Rapports sur le développement humain, 2010 et 2011.
[1] Comme le montrent les données présentées dans
ce document (tableau 3), le score de la satisfaction de vivre dans l’ensemble
n’est supérieur à la moyenne (5/10) que dans le groupe de pays africains où le
taux de pauvreté et l’indice Gini d’inégalité sont, tous les deux, inférieurs aux
valeurs médianes. Aussi, c’est seulement
dans ce groupe de pays que le taux de satisfaction vis-à-vis du niveau de vie
dépasse la ligne de 50%. Pour la définition de ces indicateurs, se référer à
l’annexe 2.
[2] Au sens des ‘capabilités’.
[3]
Mesurés au moyen de l’élasticité
–croissance et –inégalité de la pauvreté.
[4] Sur la base des indicateurs de la Banque
mondiale, World Development Indicators 2012 et des Rapports (du PNUD) sur le
Développement humain, 2010 et 2011.
[5]
La première valeur cible des Objectif
du millénaire pour le développement (OMD) consiste à réduire de moitié, entre
1990 et 2015, le niveau de pauvreté, mesuré à 1 $ US PPA par jour et par
personne.
[6]
Le long de ce document, l’analyse est
souvent restreinte à l’Afrique subsaharienne au lieu de l’Afrique toute
entière, en raison des données disponibles qui ne sont désagrégées que selon
des groupes particuliers de pays en développement, dont la région Afrique subsaharienne
(cf. Annexe 2). Le reste des pays africains sont affectés à la région MENA.
[7] Il s’agit, en plus de
l’Afrique subsaharienne, des groupes de pays suivants tels que
définis dans http://www.banquemondiale.org/ World Development Indicators 2012, à
savoir : Amérique latine – Caraïbe, Europe – Asie Centrale, Asie du Sud,
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), et Asie Est et Pacifique.
[8] Entre 1999 et 2008, l’effectif des pauvres
dans cette région a augmenté à un taux de 0,29% par an, de 375,97 millions à 386,02 millions d’individus, sachant que la
baisse qu’il a entamée à partir de 2005 ne l’a pas encore ramené à un niveau
inférieur à celui de 1999.
[9] « La population
pauvre constitue, de par sa position dans l’échelle sociale, ses contraintes de
survie et son pouvoir revendicatif, voire politique, un chaînon social, certes
faible, mais potentiellement dangereux pour l’avenir du pays. En fait, la
pauvreté ne se réduit pas à un simple déficit numérique des revenus et des
aptitudes humaines d’une fraction de la population. Elle s’inscrit, au delà de
la fracture sociale qu’elle creuse, parmi les facteurs d’échec des transitions
économique, sociale et politique.» Douidich Mohamed (2008): Exclusion,
inégalité et pauvreté: la transition sociale et ses déterminants. www.hcp.ma .
[10] Selon le concept « relatif
» qui considère que la croissance est pro-pauvres si les pauvres en bénéficient
relativement plus que les non pauvres, c’est-à-dire si la croissance est
accompagnée d’une réduction des inégalités.
[11] Le Rapport sur le développement humain
(PNUD, 2010) attribue les écarts sociaux en Amérique Latine – Caraïbe à
l’inégale répartition des terres, des niveaux d’éducation et aussi à la forte
valorisation du travail qualifié, outre le niveau élevé de la fécondité chez
les ménages pauvres et les dépenses publiques régressives.
[12]
En Afrique, à la dernière
décennie, la médiane des indices d’inégalité - Gini - a été de 0.4360; celle de
la pauvreté (au seuil de 1,25 $ US PPA par jour et par personne) a été de 46,7%
en 2008.
[13] Ce constat se réfère à la situation en
2010, sachant que si les moyennes par groupe de pays ne sont pas assez
différentes, des différences significatives sont cependant observées entre les
pays.
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