Ce blog, écrit par Ousmane Aly DIALLO, fait partie de la série de Wikiprogress sur l'Éducation. Il résume le nouveau rapport de l'UNICEF, Définir la place de l'éducation dans le programme de développement de l'après-2015.
Les consultations thématiques globales dans le monde ont permis de
faire l’état des lieux de la place de l’éducation dans les Objectifs duMillénaire pour le développement tout en permettant la place que les
citoyens veulent lui donner dans
l’agenda de développement de l’après-2015.
Dans l’enquête mondiale en ligne
de l’ONU, « My World »,
l’éducation était placée comme première priorité pour 393,000 des 600,000
participants provenant de 194 pays. 64% de ces sondés avaient moins de 30 ans et plus de ¾ étaient
issus de pays en développement[i].
Dirigée par l’UNESCO et l’UNICEF avec l’appui de gouvernements nationaux et
de la Fondation
William et Flora Hewlett, ces consultations avaient pour objet général
d’ « d’évaluer les avancées et les défis à relever dans le cadre de la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD) relatifs à
l’éducation adoptés en 2000 et des objectifs plus généraux de l’éducation pour tous (EPT), en vue de développer une vision
holistique de la meilleure manière de refléter l’éducation, la formation et
l’apprentissage dans le programme de l’après-2015 ».
L’équité, l’accès et la qualité de l’éducation ont été au centre des
demandes des participants et cela se reflète dans la vision de l’éducation pour
l’après-2015 qui se décline ainsi : «
Éducation équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour
tous ». Cet objectif doit permettre à toutes les sociétés de développer les
compétences, connaissances et innovations nécessaires pour relever les défis
politiques, économiques, technologiques, sanitaires et environnementaux actuels
et futurs et pour rester sur la voie du développement durable.
“Education is the closest thing to magic in the world. Nothing can transform a person’s life the way education can. It instils confidence and gifts people with a voice. Apart from the obvious benefits of a better lifestyle and a more meaningful life, education can lead to a better society at large; a society with people aware of their rights and duties.” – Nivasini, high school student from India and participant on the World We Want online platform
Les différentes consultations thématiques ont permis de constater le
rôle important dévolu à l’éducation dans l’amélioration des conditions de vie
des citoyens. Réduction de la pauvreté, promotion de la cohésion sociale,
participation à la bonne gouvernance et meilleure santé publique ne pouvaient
devenir réalité sans une éducation de qualité et non-discriminante pour les
citoyens.
Mettre fin aux inégalités et relancer l’éducation
Concrètement, les consultations ont permis de mettre en avant la
nécessité de relancer les programmes d’éducation dans le monde. Même si des
progrès significatifs (surtout dans l’enseignement primaire) ont été faits
grâce aux OMD, on note une stagnation et les objectifs de l’Éducation pour Tous
sont loin d’être atteints. Près de 57 millions d’enfants en âge de
scolarisation ne le sont pas, et parmi ces enfants, on retrouve 32 millions de
filles et 30 millions d’enfants vivent dans les zones de conflits.
Les inégalités constituent un autre obstacle à surmonter. La pauvreté
et les discriminations privent des millions d’enfants de leur droit à l’éducation. Les filles, les ruraux et les
autochtones, le travail des enfants, les enfants handicapés, les migrants et
les réfugiés constituent autant de catégories marginalisés jusqu’ici dans
l’éducation dans le monde. Au-delà des
inégalités interétatiques, il est nécessaire de jeter un coup d’œil à l’intérieur
de ces états, constater ces inégalités avant de pouvoir y remédier en les
considérant dans la planification et la budgétisation des programmes
d’éducation. L’emphase mise sur les objectifs mondiaux dans la Déclaration du
Millénaire ont quelque peu facilité la non-considération de ces catégories.
Il demeure ainsi nécessaire de promouvoir un enseignement de qualité
(dans le contenu et la pertinence) à tous les niveaux d’éducation tout en
favorisant l’équité et surtout l’égalité des sexes, avec une attention renouvelée à l’amélioration de
l’accès à l’enseignement post-élémentaire et post-secondaire pour les filles et
les femmes dans des cadres sûrs et propices à l’apprentissage.
Indicateurs d’éducation dans
l’après-2015
Ainsi le rapport de synthèse mentionne que l’inclusion de l’éducation
comme objectif explicite et comme sujet transversal doit être une réalité dans
l’agenda de développement de l’après-2015. La promotion de la cohésion sociale
et la défense du développement durable devant être de même au cœur de
l’apprentissage.
Des indicateurs doivent être développés pour concrétiser cette vision
qui pallie aux manquements des OMD tout en se basant sur les objectifs de
l’Éducation pour tous.
Quatre domaines
de priorités ont ainsi été soulignés :
- L’accès à et la complétion d’une éducation pré-primaire pour garçons et filles sur une période convenue (au moins un an)
- L’égalité dans l’accès et la complétion à un cycle complet d’enseignement primaire de qualité avec des résultats mesurables et reconnus. Tous les enfants terminant ce cycle d’enseignement devant pouvoir lire, écrire et compter au moins
- L’égalité dans l’accès, pour filles et garçons, d’un enseignement de premier cycle secondaire de qualité avec des résultats mesurables et reconnus.
- La possibilité d’apprentissage post-primaire et post-secondaire afin de développer des compétences techniques et professionnelles pour le travail et nécessaires pour une société pacifique, tolérante et inclusive. Cet objectif doit spécifiquement les filles et les femmes, plus discriminées en ce sens.
Les consultations ont permis de mettre en lumière les demandes des
citoyens du monde par rapport à l’éducation. Mais des limites inhérentes
apparaissent, peut-être qui s’expliquent par le mode de consultation à
l’origine de ce rapport. Comment financer ces objectifs? Doit-on les
dévoluer seulement aux États. La qualité
de l’enseignement occupe une place prépondérante dans le rapport même si les
moyens pour y parvenir ne sont pas évidents. L’Institut de Statistiques de
l’UNESCO montrait que le déficit en enseignants bien formés constituait un obstacle important pour
l’Afrique. L’Afrique
subsaharienne devant recruter d’ici 2015, 1.1 millions d’enseignants au niveau
primaire entre 2009 et 2015 pour pouvoir accorder à chaque enfant le droit à
l’éducation. Se donner les moyens d’atteindre ces objectifs devrait être au centre des préoccupations des États en
matière d’éducation.
L’éducation primaire et gratuite est promue dans les
politiques mais la réalité montre la vacuité de ces ambitions si les
mesures adéquates ne sont pas prises : la surpopulation des classes, le
déficit en livres de texte et de matériel pédagogique constituent des entraves
à l’éducation primaire pour tous, comme le souligne cet article récent.
Cependant, en donnant la voie
aux citoyens, le rapport permet de voir l’importance accordée à l’éducation,
dans le monde, ainsi que les ramifications propices aux différents volets du
bien-être subjectif qu’entrainerait une éducation de qualité,
non-discriminatoire et accessible à tous.
[i]
Définir la place de l’éducation dans l’agenda de développement de l’après-2015.
Résumé analytique de la Consultation thématique
globale sur l’éducation dans le
cadre du programme de développement de l’après-2015. En ligne: http://unesdoc.unesco.org/images/0022/002230/223025f.pdf . The World We Want. Septembre
2013.
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