Ce post, rédigé par Ousmane Aly DIALLO de Wikiprogress Africa. Il fait partie de la série de Wikiprogress sur la Santé
La publication de la Charge Mondiale de la Morbidité par l’Institute for Health Metrics and Evaluation
(IHME), l’Université de Washington et le Réseau sur le développement humain de
la Banque Mondiale permet de faire l’état des lieux de la santé des populations
en Afrique (subsaharienne ainsi que dans le Nord du continent). La Charge
mondiale de la morbidité » (GBD) est un projet scientifique englobant de
quantification de l'étendue relative de la perte de santé en raison de
maladies, blessures et facteurs de risques par âge, sexe et géographie à des
moments spécifiques dans le temps. Combien
de gens meurent de maladies dans le monde? De Blessures? Quels sont les
facteurs à risques selon l’âge, le sexe et le temps? Ces questions et bien
d’autres sont à la base des 7 rapports sur la charge de la morbidité mondiale
de 2010, subséquemment diffusés dans le Lancet (13 décembre 2012).
État de la morbidité infantile en Afrique
D’importants progrès ont été
constatés dans la santé des citoyens au Moyen-Orient et en Afrique du nord.
Durant les 20 dernières années, entre 1990 et 2010, les morts prématurées ont
ainsi fortement diminué ainsi que les infirmités causées par les maladies
transmissibles, celles dûes à une nutrition inadéquate à l’exception de la
septicémie néonatale.
Malgré ces avancées, les maladies
infantiles constituent toujours un fardeau significatif dans certains États à
revenu moyen inférieur de la région comme le Djibouti. Ces avancées
nse sont également manifesté dans les pays du sud du Sahara même si des défis restent à être
surmontés. La mortalité des maladies diarrhéiques et les infections des voies
respiratoires comme la pneumonie ont baissé mais ces maladies constituent
toujours l’une des principales causes de décès chez les moins de 5 ans (surtout
dans les pays à faible revenu comme le Niger et la Sierra-Leone), alors que
dans les États développés, leur taux de
morbidité est presque nul.
Même si des progrès ont été faits
pour ce qui est de l’insuffisance pondérale chez les enfants et les pratiques
sous-optimales d’allaitement maternel, et les carences en vitamines (morbidité
est passée de 50% à 30% entre 1990 et 2010), ces facteurs restent parmi les
trois facteurs principaux contribuant à la perte de santé dans toute la région,
particulièrement dans les pays à faible revenu.
Nutrition et morbidité
Entre 1990 et 2010, la charge de
la morbidité de nombres de maladies non-transmissibles s’est alourdie :
c’est le cas des maladies cardiaques ischémiques, les désordres mentaux tels
que la dépression et l’anxiété ainsi que de le diabète ou encore la cirrhose.
On note une tendance de rapprochement avec la morbidité dans les maladies des
États développés selon le rapport, qui souligne la trajectoire divergente de l’Afrique du Nord par rapport aux pays d'Afrique subsaharienne.
Le manque de sport et d’activité
se reflète ainsi dans les problèmes de santé auxquels font face les citoyens de
la MENA. La pression artérielle et l’obésité figuraient parmi les causes
prématurées de mort dans cette région pour les adultes alors que l’anémie et
l’allaitement sub-optimal était parmi les causes de la mortalité infantile au
Djibouti. Le contraste entre ces deux maladies, entre ces deux catégories d’âge
montre encore une fois l’importance d’une bonne alimentation dans le bien-être
des individus, thème mis en valeur lors de la dernière journée mondiale de la
santé.
Ce paradoxe de la nutrition est de même fortement présent en Afrique
subsaharienne comme le montre cette étude. Au sud du Sahara, les déficits
alimentaires, particulièrement l'anémie ferriprive, représentaient en 2010 presque
le double des pertes de santé qu’au niveau mondial. Cette tendance dépendait
principalement des pays à faible revenu et n'était pas observée dans les pays à
revenu intermédiaire supérieur de la région comme la République de Maurice et
les Seychelles.
Comparaison des performances et orientation des politiques de santé
L’Afrique subsaharienne a connu
des avancées importantes en termes de réduction de la mortalité et de
prolongation de la longévité depuis 1970. Cependant au Mozambique, la mortalité
chez les femmes âgées de 25 à 29 ans s’est sensiblement accrue.
Le pourcentage d'années de vie en
bonne santé perdues en raison de l'incapacité était plus élevé en 2010 qu'en
1990. L’incapacité était principalement
due au VIH/SIDA et au paludisme.
Présenter l’état des lieux de la
morbidité en Afrique de manière aussi détaillée a été l’une des principales
contributions de ce rapport. Les données étaient extraites d’échantillons de
systèmes d’inscription aux services de santé, aux recensements et aux enquêtes
auprès de ménages. Le rapport urge les États africains à synchroniser leurs
systèmes médicaux avec les besoins en santé de leurs populations.
La plupart des pays subsahariens
ont fait des progrès remarquables dans la réduction de la mortalité infantile
entre 1990 et 2010. Le succès de la lutte contre le paludisme a contribué à
cette réduction des décès chez l'enfant. Enfin, alors que l'impact dévastateur
du VIH/SIDA semble diminuer, il faut encore faire face à de nombreux défis dans
la lutte contre cette maladie. Les mises à jour ultérieures de l'étude sur la charge de la morbidité en Afrique suivront de près les développements de la santé dans cette région et ailleurs.
La
Charge mondiale de la morbidité permet
aux pays de la région de comparer leurs résultats afin d’identifier les bonnes
pratiques et d’améliorer certains aspects qui leurs sont spécifiques. Les
analyses comparatives permettent de classer les taux de mortalité précoce par
rapport à la moyenne régionale et de mettre en lumière les meilleurs et les moins performants en termes de facteurs de mortalité précoce.
Parmi les pays à revenu
intermédiaire de la tranche inférieure et de la tranche supérieure (non
représentés ici), les petits Ėtats insulaires comme le Cap‐Vert, São
Tomé‐et‐Príncipe et les Seychelles ont été globalement les plus performants.
Le Kenya, la Mauritanie et le
Rwanda ont été les plus performants parmi les pays à faible revenu tandis que le
Burkina Faso, le Mali et le Mozambique affichent des taux de mortalité précoce
due au paludisme nettement plus élevés que ceux de leur sous-région